Sister distribution
posterFIRST COW

FIRST COW

un film de Kelly Reichardt
États-Unis - 2019 - 121'
SUISA 1015.139
date de sortie: 09.06.2021

Autour de 1820, Cookie Figowitz, un cuisinier expérimenté solitaire et taciturne, voyage vers l’ouest et finit par rejoindre un groupe de trappeurs au fin fond de l’Oregon. Là, il se lie d’amitié avec King-Lu, un immigrant d’origine chinoise qui cherche aussi à faire fortune. Ils vont rapidement s’associer pour créer une petite entreprise prospère, utilisant une vache laitière très prisée par un riche propriétaire des environs pour fabriquer des gâteaux…

Lugano

21.03.23 - 20:30, Cinema Iride
⭕ Circolo del cinema Locarno

Mendrisio

22.03.23 - 20:45, Cinema Multisala Teatro
⭕ Cineclub del Mendrisiotto

« First Cow est le septième long métrage en près de trente ans de carrière de Kelly Reichardt, cinéaste rare et précieuse, travaillant en marge des grands circuits de production à la construction d’une œuvre prenant le contrechamp de la mythologie américaine. » — Stéphane Gobbo - Le Temps

« Filmé au plus près d’une nature que chacun de ses films prend un malin plaisir à épurer, First Cow est symptomatique du cinéma de Kelly Reichardt. Elle ne cherche ni à sublimer ce qu’elle filme ni à l’enlaidir. Juste à trouver la meilleure place pour montrer une vache qui a l’air de contempler le monde et deux margoulins dont les pantalonnades forment un art de vivre confinant à l’absurde. Il ne faut pas rater ce film. » — Pascal Gavillet - Tribune de Genève

« Anti-western et subtile parabole, le film déploie ainsi une critique qui remonte aux racines du rêve américain. Au-delà des mésaventures de ses deux larrons, il pointe une civilisation fondée sur l’exploitation des ressources naturelles, le génocide des Premières Nations et l’appropriation de leurs terres. Kelly Reichardt ne condamne pas ses personnages pour autant. Elle porte au contraire un regard tendre sur leur relation, l’amitié étant leur unique consolation dans ce (nouveau) monde de brutes. Une amitié qui véhicule d’autres valeurs – entraide, solidarité – et définit le ton du film, empathique et fataliste. » — Mathieu Loewer - Le Courrier

Avec John Magaro, Toby Jones, Ewen Bremner, Orion Lee

Scénario Kelly Reichardt et Jonathan Raymond Image Christopher Blauvelt Montage Kelly Reichardt Musique William Tyler Production FilmScience et IAC Films

Analyse du film par le géographe Manouk Borzakian pour Géographies en mouvement :

Mais plutôt que de les traiter sur le mode d’une geste glorieuse, le film fait des modalités d’interaction entre l’humanité et son milieu, que les géographes appellent l’habiter, une question philosophique et politique : entre mille manières possibles d’habiter le monde, les individus et les groupes doivent faire des choix lourds de sens. Avec le personnage de Cookie, sans doute le plus proche d’elle, la réalisatrice célèbre la sobriété : passer le balai et mettre quelques fleurs sauvages dans un vase pour égayer une cabane de trappeur, cueillir des champignons et des noisettes, pêcher, cuisiner. Et traire, patiemment. Cookie est près de la terre, sa relation avec le milieu se nourrit de modestie et de simplicité volontaire, sur le mode de la communion, mais sans verser dans l’animisme ou la glorification naïve de "Gaïa".

La mise en marchandise de l'Ouest

À l’opposé, le négociant anglais joué par Toby Jones incarne la logique comptable et marchande en train de conquérir le Far West. King-Lu commet une sérieuse erreur de jugement lorsqu’il affirme que "l’histoire n’est pas encore arrivée ici" : elle est bien là, en la personne des propriétaires terriens et de l’armée à leur service. Il n’y a déjà plus de place pour les aventuriers comme lui, convaincus que les plus volontaires ou les plus chanceux feront fortune. Encore moins pour les adeptes de l’idéal jeffersonien d’une nation de petits fermiers. La wilderness est progressivement quadrillée par les propriétés des riches colons et même la vache finira dans un enclos cadenassé. Quant aux Indiens Nez-Percés, désormais ouvriers ou domestiques, ils se demandent, incrédules, pourquoi les Blancs ne mangent pas la queue des castors – le meilleur, paraît-il. C’est que les ressources de l’Ouest sont devenues des marchandises prises dans les réseaux du capitalisme mondialisé : les rongeurs se font massacrer tant que leur peau possède une valeur, c’est-à-dire tant que la mode parisienne est au chapeau en fourrure de castor. Puis ce sera autre chose.