Une petite ville près de Tokyo… Un vent puissant s'élève alors que des lycéens sont en chemin pour l'école. On annonce un typhon et la pluie commence à tomber. Ignorant l'ordre d'évacuer le lycée, quelques élèves décident de rester.
Zürich
— Shinji Sômai est inégalé par Ryusuke Hamaguchi
« Aujourd'hui encore, Shinji Sômai est inégalé. Son style est inimitable. Sa place est à part chez les réalisateurs japonais. Il a eu beaucoup d'influence sur moi lorsque je réfléchissais au type de films que je voulais faire, il m'a aidé à découvrir la voie que je voulais emprunter. Je fais un cinéma très différent, mais je cherche aussi à faire ressortir l'énergie interne des personnages et celle des acteurs pendant le tournage d'un film. Typhoon Club est une œuvre dans laquelle cette vitalité, chez les jeunes acteurs notamment, est plus forte que dans n'importe quel autre film. » — Ryusuke Hamaguchi, discours d'introduction à Typhoon Club, version restaurée, Berlinale, 2022
— Un grand film sur la jeunesse, beau et mystérieux
« Film inédit majeur du cinéma japonais, ce nouveau long métrage exhumé de Shinji Sômai est un concentré de mal-être saisi avec une rare vérité. Un grand film sur la jeunesse, beau et mystérieux. Il y a quatre mois sortait en salle l’une des plus belles surprises de l’année, Déménagement de Shinji Sômai, merveille de film d’enfance dont le seul «défaut» était de dater de… 1993. Un millier de spectateurs plus tard, le même distributeur remet ça avec Typhoon Club (1985), autre réputé chef-d’œuvre du même auteur à avoir bénéficié d’une restauration digitale 4K. Et force est de reconnaître que les Japonais avaient raison: même ignoré en son temps par l’Occident, l’infortuné Sômai (1948-2001) était bien un immense cinéaste. Pour preuve, ce teen movie qui a plus d’un point commun avec le fameux Breakfast Club de John Hughes (1985 aussi) mais qui, lui, n’a pas pris une ride. » — Norbert Creutz, «Typhoon Club», ou les tempêtes de l’adolescence, Le Temps
— Intense, crépusculaire, magistral
« Quarante ans après sa sortie, Typhoon Club brille toujours autant d’un intense feu désespéré et crépusculaire. Magistral. » — Xavier Leherpeur, Le Nouvel Obs
— Un propos universel où la tragédie se dispute l’optimisme
« Shinji Somai offre un contraste captivant de ce que peut être ce moment de l’adolescence pour chacun dans un propos universel, et reposant sur la lumière et les ténèbres dans un final où la tragédie se dispute l’optimisme. » — Justin Kwedi, dvdclassik
— Sômai, ni prof, ni parent, ni psy explicateur, n'envisage son cinéma que comme une exploration libre
« Loin de la légèreté séduisante du Breakfast Club de John Hughes, auquel on le compare paresseusement, Typhoon Club, avec sa constellation de collégiens campagnards errant par la grâce surnaturelle d'un typhon dans leur collège vide et le grand Tokyo tout près, se confie à l'étrangeté du mauvais rêve : mélancolique, grave et angoissant malgré ses accès burlesques et musicaux. L'adolescence, chez Sômai, si elle n'est pas forcément un film d'horreur, reste un film de monstres. (…) Les petits monstres en appellent un autre, un grand: le Temps, incarné dans l'errance nocturne d'une petite fugueuse par un gentil androgyne bifrons, chimère femme-homme dans des langes, jouant de l'ocarina. La métaphysique de l'adolescence, où le temps semble filer sans marque, où l'on se cherche une place dans le monde matériel, est lourde d'interrogations sur ce qu'est un acte : son inscription violente, existentielle, l'entaille du temps comme promesse de changement. Sômai charge chacun des gestes de ses personnages d'un caractère inconscient d'expérimentation, ouvrant toutes les dimensions de l'espace. (…) Sômai, ni prof, ni parent, ni psy explicateur, n'envisage son cinéma que comme une exploration libre ( comme on dit: « association libre»). Le rêve, chez lui, ne s'oppose pas au réveil, mais s'y noue insensiblement. Ses personnages, tour à tour réflexifs et pulsionnels, s'abandonnent comme des somnambules. Sômai sait qu'il ne faut surtout pas les réveiller, et que le sommeil et ses monstres offrent un répit précieux avant les fatalités adultes, sociologiques et morphologiques qui les attendent. » — Pierre Eugène, Parades des petits montres, Cahiers du Cinéma n°811
« Shinji Sōmai semble établir une métaphore des contradictions de la société japonaise, entre grandeur et frustrations, et évoque les névroses d’une culture codifiée qui peine à garantir l’épanouissement de tous ses membres, tout en valorisant des principes nobles et respectables. La mise en scène, arborant plusieurs axes esthétiques, met l’accent sur les ellipses narratives autant que les plans-séquences suggestifs ou explicatifs, comme pour faire prendre conscience au spectateur de la complexité des relations humaines. L’œuvre culmine avec une chorégraphie qui vaut moins par sa dimension musicale et physique que par sa capacité à incarner la catharsis. » — Gérard Crespo, àVoiràLire
« La première partie du film, relativement sage, se fait engloutir en même temps que le typhon, par un second segment plus trouble, fait de longs plans-séquences qui viennent morceler l’ensemble, comme une suite de blocs crépusculaires. » — Arnaud Hallet, Les Inrockuptibles
« Tout l’art de Sômai repose sur l’assomption première que quelque chose décidément ne tourne pas rond, qu’au cœur du monde s’est ménagée une étrange fissure, un écart à soi à peine perceptible. Dans ces conditions, adolescents, adultes, ingénus, peu importe tant qu’il s’agit de ces maladroits acrobates du quotidien pour qui, semble-t-il, c’est encore sens dessus dessous que le monde se voit le mieux. » — Mathieu Capel, Cinémathèque
« Sômai n’hésite pas à prendre une certaine distance pour filmer ce groupe d’élèves en pleine décompensation. Ensemble ou chacun dans son coin, par duos ou trios, ses adolescents apparaissent comme des petites machines obsessionnelles, fonçant tête baissée les uns contre les autres selon leur propre programme. Ils sont lancés aux quatre coins de l’espace dans une expérience d’eux-mêmes toujours recommencée. À voir leur ballet hirsute et désaccordé, on pense beaucoup aux « machines désirantes » dont parlaient Gilles Deleuze et Félix Guattari dans_ L’Anti-Œdipe_ (Minuit, 1972). Plus encore qu’un quelconque teen-movie, Typhoon Club s’avère ainsi un grand film moderne, grand ouvert sur la mécanique obscure et l’abîme existentiel de l’adolescence. » — Mathieu Macheret, Le Monde
« L’ensemble du film fonctionne selon cette alternance déstabilisante de candeur adolescente et de violence extrême montrant des enfants qui n’ont comme raison d’être que de céder à leurs envies et à la folie parfois criminelle de celles-ci, ceci jusqu’à l’outrage aux corps. » — Michaël Delavaud, Culturopoing
« Comme un récit initiatique où l’on s’essaye à la bêtise, à l’amour, à la violence, Typhoon Club se déploie telle une parenthèse anarchique et survitaminée, un moment hors du temps. » — Romain Nesme, TroisCouleurs
Avec Yuichi Mikami, Yuki Kudo, Shigeru Kurebayashi, Yuka Onishi, Tomoko Aizawa, Ryuko Tendo, Toshiyuki Matsunaga, Yuriko Fuchizaki, Tomokazu Miura
Assistant réalisateur Koji Enokido Scénario Yuji Kato Image Akihiro Itô Lumière Tadaaki Shimada Son Toshio Nakano Décors Noriyoshi Ikeya Montage Isao Tomita Musique Shigeaki Saegusa Production Directors Company