Le Grand Chariot est une constellation d’étoiles. C’est aussi un théâtre de marionnettes. C’est l’histoire d’une famille de marionnettistes, une fratrie, Louis et ses deux soeurs, Martha et Lena, leur père qui dirige la troupe et la grand-mère qui a fabriqué les poupées. Ensemble, ils forment une compagnie et donnent des spectacles de marionnettes. Un jour, lors d’une représentation, le père meurt d’une attaque, laissant ses enfants seuls.
« Le cinéma, c’est quoi ? Le mirage de la vie, l’amour en fuite et peine perdue. Philippe Garrel appartient à la génération des réalisateurs arrivés après les 400 coups de la Nouvelle Vague. Sur le paysage du cinéma d’alors, revenu et libéré de tout, pouvait bien souffler un vent de folie – on l’entend d’ailleurs dans La cicatrice intérieure, balade sur une terre désolée de deux acteurs (la chanteuse Nico et le prophète Pierre Clementi) dont les corps filigranes disent bien leur époque, sa grandeur et ses travers. Les années ont passé, Philippe Garrel, lui-même fils d’un acteur, a transmis le métier à ses enfants qui s’appellent Louis, Léna et Esther. » — Emilien Gür, Cinefil
« La fresque familiale mêlant le beau et le tragique, film magnifique, se rend d’autant plus bouleversante que Garrel y met cette fois en scène tous ses enfants, Louis (40 ans), Esther (32 ans) et Lena (22 ans). » — Jacques Mandelbaum, Le Monde
« L'émotion surgit le plus souvent d'une attention extraordinaire portée à quelques gestes. » — Marin Gérard, Critikat
« Une ode sensible à la transmission à l’élégance intemporelle. » — Samuel Douhaire, Télérama
« Le cinéaste se situe tout entier du côté de l'avenir et de la mutation. Après la mort du père, il observe comment la fratrie résiste à la menace de la décomposition. L'espace de l'enfance, peu à peu, se pare d'un éclat funèbre et menaçant. Le merveilleux fond indigo sur lequel se détachent les étoiles du petit théâtre migre, colore tout le plan lors d'une scène d'orage aux résonances oniriques, et corrompt le bleu des origines. Les angoisses d'Hamlet rôdent deux fois, lorsque Louis déclame un monologue de Koltès d'après Shakespeare, qui retentit comme sa voix intérieure, et lorsque Martha, en rêve, voit son père lui rappeler ses devoirs de fille : à chaque fois se manifeste la nécessité de se défaire du spectre tétanisant du père-roi et de se libérer des mythologies. » — Jean-Marie Samocki, Cahiers du Cinéma
« Une poésie à faussement douce, terriblement puissante. Le romantisme de Philippe Garrel est un fleuve qui trace sa route entre les rives du réel et du rêve. Art suprême du vivant. » — Thomas Baurez, Première
« Récompensé par l’Ours d’argent de la meilleure réalisation, Le Grand Chariot de Philippe Garrel nous a totalement emballé. Tourné en famille (Lena Garrel rejoint Esther et Louis), le film raconte le crépuscule d’une troupe de théâtre de marionnettes qui doit survivre à la disparition du patriarche. En filmant sa propre mort symbolique, Garrel laisse un peu les rênes de son cinéma à sa progéniture ; et bien lui en a pris, car cela faisait bien longtemps qu’un film de Garrel n’avait autant su épouser la jeunesse et ses questionnements, ses brûlures et ses combats. C’est aussi un magnifique film d’insomniaque : tour à tour, chacun des personnages est pris d’angoisses nocturnes ou de rêves, et le film est rythmé par l’enchaînement des nuits et des jours. Mais ce qu’il a peut-être de plus beau est la façon dont il traite de l’héritage, en racontant un chassé-croisé amoureux et artistiques fabuleux. » — Bruno Deruisseau (à la Berlinale), Les Inrockuptibles
« Les films naissent et vivent dans le monde réel. Les films y meurent aussi, pour reprendre une formule célèbre. Il n'y a pas d'espace hors du monde où se trouveraient les œuvres d'art et autres productions dites de l'esprit. Le nouveau film de Philippe Garrel sort au moment où le réalisateur est accusé par plusieurs actrices de propositions sexuelles lors de rendez-vous professionnels. Il faut bien sûr écouter leur parole. Il faut aussi voir le film qui n'a rien, lui, d'inapproprié. » — Jean-Michel Frodon, Slate
« La fiction, toujours, se frictionne avec le document familial – Le Grand Chariot pourrait être son Love Streams (John Cassavetes). » — Muriel Joudet, Les Inrockuptibles
avec Louis Garrel, Damien Mongin, Esther Garrel, Lena Garrel