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LE TEMPS DES GRÂCES

un film de Dominique Marchais
France - 2010 - 123'

Une enquête documentaire sur le monde agricole français aujourd'hui à travers de nombreux récits : agriculteurs, chercheurs, agronomes, écrivains... Un monde qui parvient à résister aux bouleversements qui le frappent - économiques, scientifiques, sociaux - et qui, bon gré mal gré, continue d'entretenir les liens entre générations. Un monde au centre d'interrogations majeures sur l'avenir.

« La géographie est peut-être ce à quoi l’œil de Dominique Marchais est le mieux conformé. Il n’a pas besoin de tracer une carte de son périple pour faire surgir un tableau choisi de la France agraire dans ses sites : en Champagne, Bourgogne, Corrèze ou Beauce, le film cadre le pays en paysages, en topographies. Nous y rencontrons toute une petite foule d’agronomes, écrivains, économistes, spécialistes divers et agriculteurs. Chacun est saisi dans son biotope, celui d’une nature humanisée le plus souvent, mais aussi bien le paysage d’une bibliothèque quand c’est l’écrivain Pierre Bergounioux qui s’exprime. Par ailleurs, aucun pittoresque ne détériore le regard porté sur les figures convoquées : le cinéaste préfère le registre de la clarté sèche et filme ses intervenants en sujets pensants, même lorsqu’il s’agit des presque inquiétants Lydia et Claude Bourguignon, microbiologistes des sols, que l’on voit fouiller la terre de Champagne pour en mesurer la fertilité, ou plutôt l’effarant degré de stérilité consécutif à l’usage d’engrais. » — Olivier Seguret, Les champs du savoir, Libération

« Le Temps des grâces devrait devenir l'un des films de prédilection de tous ceux qui s'intéressent aux mutations de l'agriculture, au modelage du visage des campagnes et aux choix de civilisation que nous avons faits. » — Positif

« Si l'on veut expédier ce Temps des grâces et le réduire à une catégorie critique commode, on dira de lui qu'il s'agit d'un documentaire engagé sur l'espace peau de chagrin laissé aux paysans de France Charge sévère contre les méthodes de l'agriculture moderne, qui privilégie la rationalisation et l'esthétique proprette de nos bocages façon jardin français, rejouant partout cette opposition puritaine entre le foisonnement malin (la forêt, repaire des Ténèbres) et le désert divin, Le Temps des grâces dépasse très vite le constat amer d'une agriculture en péril et, surtout, évite deux écueils majeurs : d'un côté, le syndrome Arthus-Bertrand, mélange de condescendance (« toi, petit d'homme, préserve la Terre!») et d'alarmisme terrassant, de l'autre, le discours nostalgique du type c'était mieux avant.  Sans jamais céder sur la complexité des problèmes, ni sur un vocabulaire scientifique dont on découvre peu à peu l'étendue et la poésie, le film de Marchais accomplit ce que la plupart des récents blockbusters écolos (Gore, Arthus-Bertrand, Hulot and co) avaient manqué. Quelle vision de nos sociétés et de l'avenir se profile derrière ces méthodes industrielles qui sapent l'agriculture et la biodiversité ? Pourquoi la gratuité (formule géniale de Lydia Bourguignon: « Le monde vivant n'est pas brevetable. Le microbe, lui, travaille gratuit! ») nous pose-t-elle un problème? L'exploitation du Temps des grâces souffrira sans doute d'un a priori austère, mais ceux qui franchiront le pas succomberont sûrement au charme de son intelligence. » — Jean-Baptiste Thoret, Charlie Hebdo