Israël au lendemain du 7 octobre. Y., musicien de jazz précaire, et sa femme Jasmine, danseuse, donnent leur art, leur âme et leur corps aux plus offrants, apportent plaisir et consolation à leur pays qui saigne. Bientôt, Y. se voit confier une mission de la plus haute importance : mettre en musique un nouvel hymne national.
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« Le cinéaste israélien Nadav Lapid pose avec son film Oui un regard acéré sur le malaise de son pays. La folie se déchaine sur l’écran dans un film nihiliste, orgiaque, porté par une caméra frénétique, en liberté, radicale et furieuse. Des âmes damnées, dérisoires, se contorsionnent dans leurs turpitudes. Pour ignorer l’horreur à portée d’horizon.
Ce film est farouche, pas commode. Violent pour de vrai, dans l’esthétique et dans le propos puisqu’il pointe notre barbarie, intime et collective. C’est un film qui va au bout de son propos, quitte à insister, quitte à s’étirer, quitte à tester notre résistance. Dire oui à tout, c’est se confronter à l’insoutenable et arrêter de fuir.
La catharsis produite est singulière. Puisque le dérèglement des sens du héros, son humiliation même devient la nôtre. Sa soumission à l’absurde en miroir de notre capitulation devant la folie meurtrière du présent dont le reflet devient rouge sang quand on le regarde en face. On réalise que les démons sur l’écran sont également les nôtres. Et on aimerait de toute notre âme que ça ne soit pas le cas. (...)
On a besoin de son imprudence, de son engagement, de sa colère. Tout ce qui maintient le cinéma vivant. »
Nicolas Houguet, Filmer Israël face à son génocide, Blast
« Israël, là où Nadav Lapid a vécu et grandi, a fini par devenir au fil des années son pays ennemi, tant sa politique guerrière heurte sa conscience. Le Genou d’Ahed (2021) était déjà une déclaration ardente de désamour. Oui la prolonge sous une autre forme, carnavalesque, frénétiquement décadente, avec l’obscénité de la soumission comme thème moteur. Manège étourdissant dans les cercles du pouvoir, Oui reflète les dérives ahurissantes d’Israël mais aussi sans doute d’autres démocraties en péril. Le film fait l’effet d’une claque glacée, parfaite pour sortir de notre torpeur. »
Les films les plus attendus de la rentrée, Télérama
« #Cannes2025 "OUI" (Nadav Lapid). Le film définitif sur l'après 7 octobre. Une fiction stroboscopique, avec une idée par séquence et une énergie diffuse qui transforme le film en essai philosophique explosif. Bien sûr, qu'il aurait mérité la compétition. Mais il a ainsi cassé la baraque en Quinzaine. Par l'un des plus grands cinéastes actuels. »
Pascal Gavillet, @PascalGavillet
« Comment répondre au 7 octobre par les moyens du cinéma ? Nadav Lapid reprend la confusion générale à son compte et la retourne à tous les envoyeurs avec une violence transformée en rage : la tragédie n’aura pas le faux-privilège de devenir un film-sujet, biopic américain avec happy ending ou documentaire en 6×52’, elle est un événement qui frappe le quotidien de tout le monde, bouscule les équilibres précaires trouvés au sein même du couple. »
Grégoire Benoist-Grandmaison, Trop c’est trop, Tsounami
« Comment faire du cinéma sous le fascisme, sous l’horreur ? La question n’est pas théorique ou historique mais urgente, surtout pour un cinéaste israélien filmant son pays, après le 7 Octobre, responsable de l’anéantissement de Gaza et du massacre de ses habitants. "J’ai fait un film dans le pays de l’ennemi, qui est ce que mon pays est devenu", déclarait Lapid lors de la première projection à la Quinzaine des cinéastes.
Pour un réalisateur aussi ambitieux et en pleine possession de ses moyens que Lapid, auteur de quatre précédents longs métrages s’attaquant déjà violemment au nationalisme et au devenir autoritaire de son pays (Synonymes, ours d’or à Berlin en 2019, Le Genou d’Ahed, prix du jury à Cannes en 2021), la question de la possibilité d’un film sous le fascisme, tourné parmi les méchants, est une question de mise en scène, de solutions formelles à une situation hostile, irréconciliable. Son cinéma habitué aux morceaux de bravoure esthétiques et politiques n’était sans doute jamais allé aussi loin dans la rébellion survoltée qu‘avec ce film volontairement rebutant, épuisant, jusqu‘au-boutiste et pas dénué de courage.
Qu’un tel étalage de virtuosité, qui en deux heures et demie nous aura autant échaudés que refroidis pour nous laisser totalement exsangues, n’ait pas obtenu sa place en compétition officielle laisse planer un désagréable soupçon de lâcheté sur le Festival. A l’heure où les voix dissidentes israéliennes sont inaudibles, une charge venue de l’intérieur contre les errances d’une société ultra-violente et assoiffée de vengeance aurait pu réaffirmer le fameux rôle de veilleur du cinéma, si souvent revendiqué en ces lieux. (...)
Comment être Israélien aujourd’hui ? Le film se termine sur un départ, seule issue sans grand espoir. Les histoires amoureuses dans le film (la menace de séparation avec Yasmin, l’au-revoir renouvelé à l’ex et à l’innocence de l’enfance) valent pour diagnostic historique, de fin d’une histoire et de l’idée d’un pays, et autobiographique, d’adieu de Nadav Lapid à Israël. «Vous êtes durs à aimer», lance Y. à ses compatriotes, dans un film important qui en ceci leur ressemble. »
Luc Chessel et Elisabeth Franck-Dumas, Libération
« La première partie du film clame la cruauté des parvenus et des trafiquants au pouvoir, mais montrés dans la partie supposée la plus ouverte et tolérante de la société israélienne, celle dont le centre est Tel-Aviv et non Jérusalem ou les colonies. Là où a prétendu s'épanouir une version humaniste, laïque et progressiste du pays, là où a grandi et vécu le réalisateur. Le personnage parcourt longuement la ville, sans but, énonçant à son bébé des aphorismes vides et plats.
Et c'est, position politique d'une radicalité inouïe sous les oripeaux d'un grand-guignol, la condamnation sans appel de celles et ceux qui se racontent vivre dans une démocratie quand celle-ci écrase, massacre et spolie sans fin. »
Jean-Michel Frodon, "Oui", description d'une défaite, Slate
Délirant en tout point, l'horreur vu de l'intérieur. La folie de ce régime résumé en 2h30.
★★★★Enfin du Chaos du vrai à Cannes avec Ken (Oui) de Nadav Lapid. Un film d’adieu à Israël, de détestation de soi (la figure de l’artiste entre clown et prostituée) avec la barbarie à Gaza omniprésente, partout, insoutenable. Ça commence en satire pour virer en cauchemar total.
★★★★1/2La fameuse formule de Godard est encore confirmée : l'Israël ne peut qu'être du côté de la fiction (même le found footage de l'hymne génocidaire, malgré son existence réelle, ressemble à une fiction, un mythe), la Palestine du côté du documentaire. Champ et contrechamp. Frontière infranchissable même quand les deux extrêmes se rencontrent dans un même plan. Un mode d'existence : la capacité de parler, de regarder, de balayer la tête dans tous les sens ou entre deux pôles (oui et non, "Juifs et non-Juifs", etc.), et l'incapacité de voir (l'autre), de dire (non).
★★★★Un film furieux, une tragédie musicale qui expose sans filtre la barbarie ordinaire.
★★★★
Reviews of Yes (2025), Letterboxd
« "Beaucoup de gens, en France et dans le reste du monde, qualifient le film d’excessif, de surréaliste, mais je pense que pour des spectateurs israéliens, c'est du néoréalisme. Eux se voient dans un miroir. Il n’y a pas un millimètre de distance entre eux et ce qu’ils voient sur l’écran.” En cela, Oui remplit une fonction de représentation, qui est, selon le réalisateur, sa seule puissance politique : “il faut que les Israéliens se voient sous une lumière crue et cruelle, qu’ils voient ce que l’on est et ce qu’on est en train de commettre et ce qu’on est devenus." »
Nadav Lapid, Nadav Lapid, cinéaste: "Il faut que les Israéliens se voient sous une lumière crue et cruelle", France Culture
« Fulgurant, grotesque, tragique, hilarant, bouleversant, convulsif, dialectique. Les mots manquent et abondent à la fois pour décrire Oui, du cinéaste israélien Nadav Lapid.[...]
Enchaînant à un rythme effréné les séquences d'une folle variété qui évoquent Sorrentino, Herzog, Ostlund et surtout Godard, le film surprend sans cesse, entre l'introspection, l'autoportrait de l'artiste en clown, l'histoire d'amour (deux femmes, comme deux vies possibles), le lyrisme, la colère, sans oublier l'amour paternel. [...]
Comment dire « oui » à la vie sans dire « oui » à tout ? Un grand film, gorgé d'énergie dionysiaque, sur la société du spectacle, la violence de vivre en Israël aujourd'hui, et la beauté de vivre tout court. »
Marguerite Baux, Elle
Avec Ariel Bronz, Efrat Dor, Naama Preis, Alexey Serebryakov