Une région rurale du nord de l’Inde. Après la mort de son mari, Santosh, une jeune femme, hérite de son poste et devient policière comme la loi le permet. Lorsqu’elle est appelée sur le lieu du meurtre d’une jeune fille de caste inférieure, Santosh se retrouve plongée dans une enquête tortueuse aux côtés de la charismatique inspectrice Sharma, qui la prend sous son aile.
Carouge
Delémont
La Chaux-de-Fonds
Lausanne (Casino de Montbenon)
Neuchâtel
Porrentruy
Sion
« Un récit haletant, une situation très complexe sans la réduire. »
Rafael Wolf et Vincent Adatte, Vertigo, RTS
« Il y a quelque chose de magique dans un bon livre ou un bon film, c’est sa capacité à nous transporter dans une réalité qui n’est pas la nôtre, à nous faire ressentir les émotions, les sentiments de personnes qui n’ont rien à voir avec nous. Et pour moi c’est cela que l’on vient chercher quand on va au cinéma.
Le film dure deux heures, mais il y a très peu de longueur, tu es happé par l’histoire. Et puis surtout le film est très smart. La mise en scène de Sandhya Syri n’est jamais appuyée, et permet d’appréhender la société indienne et ses injustices actuelles de façon brutale mais pas manichéenne. C’est un peu qui aime bien châtie bien. Perso, Je n’avais jamais compris à quel point le système de caste dirige la société indienne – je le savais mais je ne l’avais pas compris- avec les énormes injustices qui en découlent : comme par exemple le fait qu’un assassinat d’un intouchable est un non-événement ou à l’inverse comment les castes privilégiées sont intouchables. Le film aborde aussi adroitement le racisme actuel d’une partie des hindous vis à vis de la minorité musulmane et bien sur la question de la place de la femme en Inde. Alors si tu veux pour te donner une image être une femme en Inde c’est un peu comme être costumière ou figurante dans un film avec Depardieu, on a globalement droit de tout faire avec toi et ça faire rire les copains mecs. Une réplique résume bien l’ambiance générale,je te laisse méditer la réplique d’un policier qui frappe un suspect musulman : pourquoi l’avoir tué, tu aurais pu juste la violer ?
Le film est clairement une charge contre la société sclérosée indienne. Mais attention souvent ces charges peuvent être lourdes et presque desservir leur propos par un manichéisme trop manifeste. Ce n’est absolument pas le cas ici, d’une part parce que le récit est ciselé, très prenant et d’autre part car la réalisatrice ne juge pas ses personnages individuellement. Elle connait le fameux adage « chacun a ses raisons » , son but semble plus de dénoncer les traditions millénaires qui autorisent intrinsèquement les comportements les plus vils envers les moins considérés , les castes intérieurs, les femmes. C’est un problème qui était aussi montré dans le très bon film africain que j’avais critiqué en début d’année : « on becoming a guinea fowl ». D’ailleurs il est intéressant de noter que ces deux films réussis sur la nécessité de faire évoluer les traditions ont été faits par des réalisatrices. Ce qui m’amène à revenir vers mon côté philosophique du début de chronique et de conclure qu’il semble qu’en 2025, les femmes soient toujours plus l’avenir de l’homme, pardon de l’humain. »
Johan Morau, Un polar puissant sur les inégalités en Inde, Radio Vostok
« Santosh permet à un public occidental de s'y retrouver dans cette société par ailleurs très différente de la nôtre. À la fois prenant, instructif et efficace dans sa dénonciation d'un système profondément injuste dont les femmes de caste inférieure sont les victimes toutes désignées, le film s'offre aussi des moments plus inattendus, qui confèrent au personnages une vraie épaisseur. Et le final sur un quai de gare est de toute beauté, rappelant à quel point une pure idée de mise en scène peut encore élever un propos. »
Norbert Creutz, Cinefile
« Polar captivant et puissamment féministe. »
Time Out
« Santosh, son réalisme et sa complexité – ou encore par son plan final, mélancolique et très cinématographique. »
Mathieu Loewer, Ténèbres indiennes, Le Courrier
« Nul besoin de connaître la culture indienne ou les films de Bollywood pour apprécier Santosh. La finesse du scénario, le clair-obscur des images, en écho à des certitudes qui, en un quart de tour de caméra, se retrouvent remises en question, suffisent à faire de ce film un récit haletant qui se suit d’une traite sur ses quelque deux heures de durée. Devant l’impossibilité de tourner un documentaire depuis l’intérieur sur la police indienne, Sandhya Suri, Britannique d’origine indienne, s’est tournée vers la fiction pour raconter les violences faites aux femmes. Suivant sa propre boussole morale, convaincue qu’un travail bien fait peut contribuer à rendre la justice un peu plus égalitaire entre intouchables et privilégiés, le parcours de Santosh l’amène petit à petit de déconvenue en déconvenue, jusqu’à une dernière désillusion brutale.
30 ans plus tôt, Sharma a dû se battre pour être acceptée comme policière dans un milieu d’hommes, comme elle l’explique à sa jeune collègue encore pleine d’idéaux. Si sa cheffe parle beaucoup, Santosh, en revanche, est une femme de peu de mots. C’est par le regard qu’elle communique, quand un haussement de sourcils ou l’ombre d’un sourire sont plus parlants que de longues explications. Porté par d’excellentes actrices, le film doit également beaucoup aux non-professionnels qui campent les seconds rôles. Violence, corruption et misogynie sont la réalité quotidienne à laquelle les femmes, mais aussi les hommes des castes inférieures, ou appartenant à une minorité religieuse, doivent faire face.
À peu près au même moment où sortent les séries Netflix «Adolescence», qui met en lumière les conséquences dramatiques d’une certaine masculinité toxique vantée sur les réseaux sociaux et «De rockstar à tueur : le cas Cantat», Santosh arrive sur les écrans. En 2012, le viol collectif dans un bus puis le meurtre sauvage d’une jeune femme à New Delhi avait fait le tour de la planète. Parmi les policiers chargés du maintien de l’ordre dans les manifestations qui avaient suivi, un seul visage de femme: c’est de cette image qu’est partie Sandhya Suri pour raconter son histoire, par les yeux de Santosh. Six ans plus tôt, Weinstein et #metoo avaient déclenché un mouvement planétaire de combat pour le droit à l’égalité. Est-ce suffisant? Manifestement, non. La route est encore longue.. »
Laurine Chiarini, Cineman
« Avec une éthique irréprochable et un talent indéniable, ce film explore les réalités sociales complexes de l’Inde : injustice, violence collective imprégnant consciemment ou non l’individu, inégalités de genre et de statut. La trajectoire de la protagoniste, à la fois dans son évolution sociale et son cheminement intérieur, est rendue avec une finesse exceptionnelle, transformant ses fragilités en une force morale et suscitant une empathie profonde chez les spectateur·rices, sans jamais tomber dans la victimisation. Parfaitement aboutie et ciselée, cette première œuvre de la réalisatrice indienne Sandhya Suri délivre un message lumineux de dignité humaine. »
Grand Prix Fiction FIFDH
« Santosh mérite véritablement d’être vu par le plus grand nombre. C’est aussi l’occasion de découvrir un cinéma d’auteur indien, peu ou mal connu en Europe, et de réfléchir aux enjeux de progrès social qui continuent de peser sur une majorité des pays dits émergents.»
Laurent Cambon, aVoir-aLire
« Présenté lors du dernier Festival de Cannes aux côtés de deux autres films indiens mettant comme lui en scène des personnages féminins se débattant avec leur désir de liberté, Santosh est le récit d’une impasse mais incarne la promesse d’un renouveau du cinéma indien. »
Bruno Deruisseau, Les Inrockuptibles