Pendant les vacances d'été, trois garçons s'amusent à espionner, avec des idées macabres en tête, un vieillard excentrique qui vit seul dans une maison isolée. Petit à petit, ils se rapprochent et découvrent un homme hors du commun.
Echallens
Tramelan
rare
« Le film donne à voir une image rare de l’enfance, non pas dominée par l’impatience ou l’agitation, mais habitée par une attention patiente et active au réel. Plutôt qu’une morale abstraite ou des valeurs figées, les enfants découvrent un rapport au temps, à l’attente, à l’autre.»
François Goglin, Entre Déménagement et Jardin d’été, tournés à un an d’intervalle, quelque chose se déploie comme un diptyque secret dans l’œuvre de Shinji Sōmai, Débordements
révélations estivales
« Plus que le mystère de la mort, c’est évidemment celui de la vie que sonde ce récit initiatique entre deux générations. L’insouciance de la jeunesse et la mélancolie de la vieillesse, hantée par les fantômes du passé, y mènent à la même leçon: chérir celles et ceux qu’on aime.»
Mathieu Loewer, L’enfance et ses interrogations métaphysiques filmées en 1994 par Shinji Sômai, cinéaste japonais à redécouvrir de toute urgence, Le Courrier
si « Déménagement » est le diamant brut, « Jardin d'été » est son émeraude
« Les joyaux de la filmographie du maître nippon : si « Déménagement » est le diamant brut, « Jardin d'été » est son émeraude, une pierre précieuse à découvrir d'urgence dans une sublime copie restaurée en 4K. Par des plans-séquences virtuoses, Shinji Sômai capte l'énergie de la pré-adolescence, ce moment si particulier de la vie où l'on sort de la petite enfance pour appréhender la dureté du monde adulte et ses nouveaux concepts : ici, la vieillesse, la mort et la guerre. Tout cela pourrait être plombant sans le regard poétique de l'auteur de « Typhoon Club », qui transforme les scènes les plus difficiles - la révélation du traumatisme, le dernier adieu - en une célébration de l'esprit enfantin. »
Yannick Vely, Ne manquez pas « Jardin d'été » (5/5) , Paris Match
un bonheur
«Réalisé par le regretté Shinji Somai en 1994, ce film n’était jamais sorti, sa découverte est un bonheur. Sur une trame minimaliste, on y suit trois jeunes garçons, lors d’un été, se lancer dans l’exploration du jardin abandonné d’un ermite. Ils finissent par s’attacher à lui et lui proposent même de rénover sa demeure. Cet été-là va marquer leur vie à jamais, résonner pour toujours et nous émouvoir sans pathos. C’est délicat, plein de poésie,»
Pascal Gavillet, Poésie, 24 Heures
splendeur de film, la façon dont il fait émerger cette grande loi du monde dans l'enclos d'un petit jardin : en ressemant à la place des mauvaises herbes, les trois enfants font pousser des cosmos, belle façon de dire que l'Univers tout entier passe par la plus infime de ses parcelles
« On n’en a pas fini de redécouvrir Shinji Somai. Après Déménagement (1993), puis Typhoon Club (1985), Jardin d’été. Le film met en scène trois écoliers de Kobe, au Japon, qui, à l’approche des grandes vacances, s’interrogent sur la mort, cette grande inconnue, et cherchent à voir un cadavre. Pour cela, ils élaborent un stratagème d’une dureté propre à leur âge. Ils rôdent autour d’une maison délabrée où vit un vieil ermite, Kihachi Denpo. Se figurant ses jours comptés, les compères l’observent, le suivent, passent la palissade fissurée et s’invitent dans sa cour, une jungle de broussailles. Expérience cruelle où le vieillard finit par trouver son compte, confiant aux sales gosses les tâches qu’il ne peut plus accomplir : débroussailler, repeindre, retaper, replanter. La splendeur du film tient à la façon dont il fait émerger cette grande loi du monde dans l’enclos d’un petit jardin. En semant à la place des mauvaises herbes, les trois enfants font pousser des cosmos, belle façon de dire que l’univers tout entier passe par la plus infime de ses parcelles. Au fond du jardin se trouve un puits, dont on ne sait à quelle profondeur il renvoie, mais dans l’embouchure duquel viennent s’inscrire, à la façon d’un médaillon, les visages des trois enfants. Réservoir des âmes, source d’émerveillement, c’est de lui que jaillit aussi l’ultime élan de poésie du film, le plaçant in extremis sous les auspices du conte. Ces contes qui, depuis les territoires de l’enfance, nous apprennent à apprivoiser la mort »
Mathieu Macheret, CHEF-D’ŒUVRE, Le Monde
l'impermanance de toute chose
« La beauté du projet ne saurait échapper à personne : rien moins qu'un récit d'apprentissage qui cherche à nous réconcilier avec l'impermanance de toute chose ici-bas. »
Norbert Creutz, Le vieil homme et les trois garnements, Le Temps
une ode à l’insouciance de la jeunesse ... (mais pas seulement)
« La mise en scène évoque Ozu, dont Sōmai partage la science du cadre. Mais ici, le formalisme s’efface derrière une vitalité organique : arrachage d’herbes sèches, dégustation de pastèque juteuse, transpiration au soleil… Chaque geste semble saisi dans son élan le plus vrai, grâce à une direction miraculeuse des jeunes acteurs à la Kore-eda, comme si le cinéaste s’était fondu dans leur été. Jardin d’été est autant une ode à l’insouciance de la jeunesse qu’à la sagesse des aînés. Le lien intergénérationnel trouve sa sève lorsque « grand-père » confronte pour la première fois le trio à la réalité de la mort : le vieil homme se livre et partage ses souvenirs de la guerre, dans ce qu’elle a de plus pathétique et cruel. Une guerre qui aurait pu éteindre toute forme d’amour s’il ne leur avait pas confié son histoire. Ce partage, fragile et lumineux, fait de ces enfants les porteurs d’un avenir possible, enraciné dans un été vibrant, au milieu des papillons et des cosmos multicolores. »
Adrien Roche, Sofilm
une émotion qui traverserait l’écran
« Il y a chez Sômai un travail sur la durée mais également sur la matière, la pesanteur, ce qui résiste au cliché et à l’imagerie. Une volonté de toucher presque physiquement le spectateur, de l’étreindre, par une intensité, une émotion qui traverserait l’écran. D’où cet art de laisser palpiter l’énergie éruptive de la jeunesse, et des corps soumis à toutes sortes d’épreuves et d’efforts, que sa caméra mobile et son art réputé du plan long (plans-séquences, panoramiques virtuoses etc.) captent dans le vif de l’action. C’est un cinéma du geste répété, qui, suprême subtilité, renseigne bien mieux que la psychologie elle-même. Un art de la bifurcation aussi : ses films n’en finissent pas de se réinventer en cours de route, à l’aune de scènes-pivots, qui les font basculer vers autre chose. »
Nathalie Dray. Coup de foudre, Libération
poétique comédie dramatique
« Première visite dans ce Jardin d’été éblouissant, où pousse, parmi les herbes folles et la danse des papillons, une drôle d’amitié entre un vieillard et des écoliers. Réalisé en 1994 par le japonais Shinji Sōmai, ce film est effet resté inédit dans nos salles jusqu’à sa sortie, cette semaine, dans une version restaurée. Découverte d’un trésor de cinéma, le temps d’un récit d’apprentissage gorgé de tendresse et de soleil. »
Cécile Mury, Une pépite solaire de Shinji Sōmai, Télérama
ce grand cinéaste absolument inclassable
« Révéré par les plus grands cinéastes japonais contemporains – Ryūsuke Hamaguchi, Hirokazu Kore-eda ou Kiyoshi Kurosawa (qui fut son assistant) –, Shinji Sōmai, disparu très tôt, en 2001, à l’âge de 53 ans, auteur de seulement treize films, reste très méconnu.
Devant la plupart de ses longs métrages, on ressent néanmoins une sorte d’étrangeté, de décalage avec la réalité, de folie plus ou moins rentrée. Son style, d’abord très centré sur l’utilisation virtuose du plan-séquence, évolue, dans les années 1990, vers une forme plus découpée. Une constante apparaît, malgré tout, au long de son œuvre : sa grande sensibilité à l’enfance et à l’adolescence. Comme Déménagement (1993) et Typhoon Club (1985), deux de ses plus beaux films, réédités avec bonheur ces dernières années, Jardin d’été appartient, lui aussi, à cette veine. Ici, nous suivons trois enfants qui vont nouer une relation singulière avec un vieil homme assez énigmatique. Par petites touches, Sōmai nous fait pénétrer dans ce monde clos, dont les dimensions se réduisent, le plus souvent, à un jardin que les trois gamins vont complètement réaménager. Le récit ne s’en tient pas là, puisqu’on découvre que le passé de l’homme est porteur d’un secret lié à la guerre, qu’il est préférable de ne pas révéler.
Ce qui frappe le plus dans ce film, qui mélange grâce et trivialité en épousant le point de vue des trois enfants, c’est l’obsession de la mort. Avant même de rencontrer le vieil homme, qui va devenir leur ami, le trio de garçons s’en préoccupe déjà énormément. Dans une forme souvent imprévisible, Sōmai nous fait ainsi pénétrer au cœur des terreurs et des joies enfantines. Jardin d’été est une balade très libre qui se conclut par une splendide scène de funérailles, pleine de libellules et de lucioles, et qui donne furieusement envie de voir tous les films de ce grand cinéaste absolument inclassable. »
Thierry Jousse, Un cinéaste japonais trop méconnu, poète sensible et inspiré de l’enfance, Les Inrockuptibles
comme nul autre
« Tout est lumière, chaleurs et intempéries chez Somai, adepte de plans-séquences organiques et d’images chatoyantes, expressions d’une douceur de vivre et d’une légèreté enfantines rattrapées par les blessures de chacun. Il fait bon fréquenter ce Jardin d’été quand bien même la fébrilité de l’existence et le souvenir des morts en habitent chaque recoin. »
Nicolas Schaller, l’enfance filmée comme nul autre, ★★★★☆ Le Nouvel Obs
jamais de simples enfantillages, prenant au contraire leurs jeux très au sérieux
« "Je voulais voir un cadavre." Telle est l’étrange requête morbide qui préside à Jardin d’été, onzième long-métrage pourtant lumineux et espiègle de Shinji Sōmai. Pendant leurs vacances d’été, trois enfants soudainement obsédés par la mort passent leurs journées à espionner un vieil ermite reclus dans une maison délabrée, nourrissant l’espoir d’être les premiers à découvrir sa dépouille une fois qu’il aura passé l’arme à gauche. Si le cinéaste japonais embrasse la vitalité joyeuse des trois protagonistes, il ne réduit jamais leurs activités à de simples enfantillages, prenant au contraire leurs jeux très au sérieux. Dès le début du film, la mise en scène figure le trouble métaphysique qu’ils commencent à éprouver. Dans un métro aérien surplombant l’immensité urbaine, l’un d’entre eux raconte à ses amis comment les corps sont incinérés : le soleil couchant inonde alors progressivement le cadre d’une lumière orangée, comme si les flammes de l’incinérateur éblouissaient encore ses souvenirs.
La beauté de Jardin d’été réside dans cette manière de ne jamais opposer l’imaginaire au réel, mais d’en faire plutôt le vecteur d’une exploration au fil de laquelle les enfants font l’épreuve de la matérialité du monde. Dans un plan de filature, les trois amis tentent de suivre le vieil homme sur un pont, avant d’être repérés et de continuer leur observation depuis l’autre rive : en jouant sur la profondeur de champ et l’horizontalité du paysage, le cadre se transforme en un espace ludique offert à ses protagonistes. Le récit d’apprentissage balisé (qui évoque par exemple Stand by Me de Rob Reiner) s’incarne ainsi moins dans les circonvolutions du récit que dans l’appréhension progressive de l’environnement par les personnages.»
Robin Vaz, L'éducation métaphysique, Critikat