En Chine, dans les années 1990, trois meurtres sont commis dans la petite ville de Banpo. Ma Zhe, le chef de la police criminelle, est chargé d'élucider l'affaire. Un sac à main abandonné au bord de la rivière et des témoignages de passants désignent plusieurs suspects. Alors que l’affaire piétine, l’inspecteur Ma est confronté à la noirceur de l’âme humaine et s'enfonce dans le doute...
Le Locle
« Tourné en 16 mm pour retrouver une belle image granuleuse vintage_, _tout le film se déroule durant une saison pluvieuse à peine moins cafardeuse que celle des rares films noirs chinois signés Diao Yinan (Black Coal, Thin Ice, Ours d’or à Berlin en 2014, et _The Wild Goose Lake, _en compétition à Cannes en 2019). Mais au-delà de l’atmosphère soignée, Wei Shujun s’y confirme en maître de l’observation ironique (les rapports hiérarchiques sont particulièrement gratinés) et de la mise en abyme (depuis la cabine de projection où il a installé son bureau, le héros finira par se projeter ses propres visions). » — Norbert Creutz, Le Temps
« Est-ce une métaphore entre le cinéma et la réalité ? Porté par la star chinoise Zhu Yilong, le personnage principal sombre dans une forme d’irréalité au fur et à mesure que les meurtres s’accumulent et que sa vie personnelle déraille. Only the river flows se défait du code du polar pour explorer d’autres voies. Avec bonheur. » — Mohamed Berkani, France Télévisions
« Il ne se passe jamais rien à Yong’An », répétait-on dans Ripples of Life, précédent long métrage du Chinois Wei Shujun. Il ne semble pas se passer grand chose non plus à Banpo et même lorsque des meurtres finissent par y être commis, leur explication semble trop simple pour le héros. Aux couleurs vives de Ripples of Life succède ici une sobriété poisseuse, quelque chose d’orageux qui pèse sur la ville : la pluie et la grisaille agissent ici comme un brouillard, et l’utilisation du 16mm apporte beaucoup à l’atmosphère dense d’Only the River Flows – choix que Wei Shujun justifie par le sentiment d’« incertitude » créé par la pellicule et son pouvoir de « rendre le temps visible ». Dans Only the River Flows, le nouveau commissariat s’installe au cœur des locaux d’un vieux cinéma en ruines. C’est un écrin tout indiqué pour Ma Zhe qui examine les différents scénarios du fait divers. Le scénario du long métrage sait passer, presque imperceptiblement, du réel au rêve, et le cinéma peut constituer une bonne passerelle entre les deux. Le rêve dans Only the River Flows (qui donne lieu à une scène formidable) ne révèle rien, ce n’est pas une épiphanie, c’est au contraire un songe surréel, une eau qui déborde, un peu comme un puzzle qui aurait trop de pièces plutôt qu’une pièce manquante. » — Nicolas Bardot, Le Polyester
« En 1990, dans une ville rurale de Chine, le corps d’une femme est découvert. Ma Zhe, chef de la police, retrouve rapidement le coupable. Cependant, le comportement de la population semble cacher quelque chose. Sélectionné dans Un Certain Regard à Cannes, ce thriller à la photographie crépusculaire s’immerge dans les songes d’un homme mélancolique. » — Gaëlle Genet, FIFF
« On dit que les meilleurs films sont ceux qui poussent à la réflexion. Cette œuvre intrigante est un grand film, car il contient non seulement une matière mystérieuse qui tient le spectateur en haleine dès les premières minutes de projection, mais dispose également de tous les ingrédients indispensables d’un polar de qualité à savoir : peu de sang et de violence, de nombreux suspects, un décor assez sombre (dont une salle de cinéma désaffectée) et des acteurs et actrices qui tiennent leur rôle avec brio. [...] Cette adaptation d’une nouvelle avant-gardiste de l’écrivain Yu Hua est une forme de subversion du roman policier traditionnel, elle comporte non seulement le récit d’une série de meurtres, mais également un thème puissant : le poids excessif de l’esprit collectif qui pèse sur l’individu et la solitude de celui-ci face à un monde absurde. La résolution de l’énigme n’est pas l’unique enjeu, l’œuvre est plus secrète, plus inattendue et obscure que les thrillers classiques. L’incertitude libère un certain espace au film et lui permet de proposer une seconde lecture. Cette création est alors perçue comme une fable, une réflexion énigmatique sur le destin et un tableau des relations sociales à travers le portrait de plusieurs personnages.» — Alain Baruh, Daily movies
Avec Zhu Yilong, Chloe Maayan, Hou Tianlai, Tong Linkai
Scénario et dialogues Kang Chunlei et Wei Shujun Image Chengma Son Tu Tse-Kang et TuDuu-Chih Montage Matthieu Laclau Production KXKH Film